Le transfert de la Compagnie de Gendarmerie à Domont

Un projet de longue date pour allier proximité et rapidité. Un projet en cours, validé depuis longtemps par la Direction générale de la Gendarmerie nationale et le représentant de l'État.

Questions à Frédéric Bourdin, Maire de Domont

Le déplacement de la Compagnie de gendarmerie était dans le programme de l'équipe municipale en 2020. Il a été médiatisé au travers d’une récente polémique avec le maire de Montmorency, Maxime Thory, qui a fait preuve d’un courroux très appuyé au regard des informations dont il a connaissance sur ce dossier et que n’ont pas l’ensemble des habitants de Domont et Montmorency.

Effectivement c’est un dossier qui date de plus de 15 ans et sur lequel travaillait déjà Jérôme Chartier, alors Député-Maire. Ce dossier semblait ne plus avancer et lorsque je suis devenu maire en 2016 c’est l’un des sujets que j’ai réactualisé en priorité. Il semble que cela tombait à point nommé car les autorités de la gendarmerie et de l’État, en la personne du Préfet, souhaitaient réactiver ce dossier. En effet, depuis une loi de 2001, les gendarmeries doivent être dans des zones Gendarmerie et non en Zone Police. Montmorency est en zone police nationale et a son commissariat. La compagnie de gendarmerie n'a aucune compétence dans cette ville et n'y exerce aucune mission.

Que s’est-il passé ensuite ?

Pendant les années suivantes, nous avons rencontré les différentes autorités de la Gendarmerie départementale et lors de nos réunions de travail ceux-ci nous ont fait part de leurs désidératas de terrains, surfaces de bâtiments, accès... ce qui a permis à la commune de définir les besoins de cette installation et de prévoir dans son futur PLU les réserves de terrains dont certains appartiennent déjà à la Ville pour ce projet. Le 15 février et le 1er juin 2018, nous avons rencontré le Commandant de Groupement qui nous confirmait par courrier le 31 août que « Le schéma actuel de la compagnie ne permet pas d'assurer de façon efficace son action. L'entité doit être relocalisée à Domont au plus près de sa zone de compétence… » En janvier et juin 2021, le groupement de gendarmerie nous confirmait que le transfert avait été validé par le Procureur de la République de Pontoise ainsi que Monsieur le Préfet du Val-d'Oise et précisait à la Ville, les besoins du futur équipement (surfaces, nombre de logements, bureaux, nombre de miltaires...). Je regrette que dans son « post » mon collègue n’ait eu aucun mot pour le travail de nos gendarmes et leurs conditions de logement à Montmorency.

Toutes ces actions ont-elles été réalisées dans le « dos » de la ville de Montmorency ?

Absolument pas ! J’ai même rencontré dans son bureau, Madame Michèle Berthy (Maire de Montmorency de 2014-2020). Celle-ci n’était pas favorable à ce départ mais l’acceptait car elle savait que les décisions de l’État correspondaient à une logique. En 2020, j’ai même pris contact avec le nouveau premier-adjoint de Montmorency pour lui en faire part et il me rétorqua : « Nous ferons tout pour nous opposer à ce départ. » Je n’exposerai pas les raisons qu’il m’objecta, avec lesquelles je suis en total désaccord. Cependant le travail sur le dossier continua avec nos partenaires allant jusqu’à nous présenter le potentiel aménageur des futurs locaux. C’est alors qu’en mai 2021, à l’issue de la visite ministérielle de Jean Castex à Montmorency, nous avons été informés par des acteurs très proches du dossier que le projet venait de subir un coup d’arrêt brutal...

Quelle fut votre réaction à cette nouvelle ?

Une énorme déception et un sentiment d’injustice. La lutte du pot de terre contre le pot de fer. J’ai décidé d’attendre patiemment un changement dans le Gouvernement comme cela m’avait été suggéré.

Comprenez-vous la réaction de Montmorency ?

J'ai été extrêmement surpris et choqué par la violence et l’outrance des propos comme si un Féal avait blessé son « Seigneur », une sorte de crime de lèse-majesté face à un fait du Prince que j’aurais contesté. Cependant, je comprends la déception de Monsieur le Maire de Montmorency d’avoir perdu sa sous-préfecture, la maternité et d’autres services publics. Je gage qu’il a en mémoire tous ceux qu’il conserve (Tribunal, Trésorerie...). À Domont, nous avons aussi perdu un certain nombre de services tels que la CPAM, la maternité, la clinique du Longpré mais nous avons travaillé d’arrache-pied afin de pouvoir trouver d’autres services pour les habitants (remplacés par le CCAS et France services, un hôpital de jour, une résidence Senior). Effectivement c’est énormément de travail et d’investissement. Cela nécessite aussi de ne pas se reposer sur ses acquis et d’accepter parfois que dans notre commune certaines choses changent ou doivent changer et que nous devons réagir. Nous avons acheté le Carmel pour un projet éducatif. Mon prédécesseur a fait ce qu’il fallait pour récupérer Pôle Emploi.

Y-a-t-il une rivalité entre les deux villes ?

Absolument pas. Nous sommes nombreux à fréquenter et à apprécier Montmorency. Ses commerces, professions libérales et autres activités culturelles. Ce que je trouve regrettable, c’est que Monsieur le Maire de Montmorency ne dise pas à la population de Domont ou à la sienne que lui-même essaye d’attirer ou a réussi à attirer des services ou des activités qui sont actuellement présentes à Domont et que nous n’en faisons aucun reproche compte tenu de l’utilité pour le bien général de certains projets. J’en donne pour exemple le regroupement du Centre de Surveillance Urbaine de Domont avec celui de Montmorency. Ce projet de plusieurs millions d’euros, je ne m’y suis pas opposé, j'y étais même favorable. J’en veux aussi pour exemple les commerçants du marché de Domont qu’un élu de Montmorency démarche directement afin de quitter Domont et rejoindre le marché de Montmorency. Pourtant personne n’a daigné prévenir les Domontois. Enfin je conclurai en rappelant que Domont était l'une des rares communes à soutenir le projet d’implantation des services de l’agglomération en lieu et place de l’ancienne sous-préfecture à Montmorency.

Quel est votre sentiment sur ce projet à ce jour ?

Je présente donc mes excuses aux Montmorencéens si cette action a pu heurter. Quoi qu'il en soit, je suis déterminé avec mes collègues Michel Lacoux, Maire de Bouffémont, Véronique Ribout, Maire de Moisselles, Christian Lagier, Maire de Piscop et Yves Citerne, Maire d'Attainville. Si ce projet ne voit pas le jour ce sera par la volonté et l’obstination aux dépens d’une logique de territoire au seul profit du prestige. Notre action n'est pas une volonté personnelle et ce projet a toujours représenté un intérêt pour le plus grand nombre des habitants du secteur autour de la Croix-Verte et jusqu’à Roissy.

Frédéric Bourdin entouré (de gauche à droite) de Michel Lacoux, Maire de Bouffémont, Véronique
Ribout, Maire de Moisselles, Christian Lagier, Maire de Piscop et Yves Citerne, Maire d'Attainville
lors de la signature du courrier de sensibilation au Président de la République le 15 octobre 2022.

Le groupement de gendarmerie du Val-d'Oise

Les gendarmes ont pour mission d'assurer la sécurité dans les zones rurales et les zones périurbaines, alors que la police nationale est chargée des zones urbaines. Elles ont ainsi chacune une zone de responsabilité, Zone Gendarmerie Nationale (ZGN) et Zone Police Nationale (ZPN).

Le Groupement de gendarmerie du Val-d'Oise est composé de 3 compagnie : Pontoise, L'Isle-Adam et Montmorency.

Retrouvez les zones de compétences du Val-d'Oise sur la carte.

La Compagnie de gendarmerie de Montmorency regroupe les Brigades Autonomes Territoriales de Domont, Écouen, Fosses Louvres et Roissy-en-France.